L'Inattendu, l'éphémère et ce que l'on en retient...

Tous les deux mois, Le Temps du Regard met cet INATTENDU à disposition des artistes invités qui choisissent d’évoquer un coup de cœur.

C’est une fenêtre d’élans poétiques, éphémères ou non (visuels, littéraires, gestuels, musicaux) mais en tous les cas difficiles à exposer dans nos vitrines.

 

David lynch

David Lynch

 

Le monde entier est cruel à l’intérieur et cinglé en surface.

C’est après avoir envisagé d’être peintre que David Lynch, né en 1946 dans le Montana, arrive au cinéma ; d’abord via l’animation, puis par des fictions qui ne seront jamais des pures représentations du réel, mais, comme ses toiles ont pu l’être, la projection sur l’écran d’un puissant monde intérieur, un incroyable carrousel d’images mentales. Depuis 1977, l’année où l’étrangeté de Eraserhead stupéfie les spectateurs américains, le cinéaste signe dix longs métrages qui définissent peu à peu toutes les occurrences de l’adjectif « lynchien » : mystérieux, envoûtant, impénétrable, onirique, cauchemardesque, surréaliste, etc.


Ces trente années de cinéma (ponctuées de nombreux projets annexes: série télé, courts métrages, clips) résument une double évolution, celle d’un artiste singulier, en parallèle de celle d’une industrie sur le chemin de la standardisation. Dans un premier temps, Lynch met son univers d’auteur au service d’un cinéma encore classique (Elephant Man, 1980). Sa patte s’affirme dans ses films suivants (Blue Velvet, Sailor et Lula, Palme d’or au Festival de Cannes 1990) jusqu’au point de rupture éblouissant, la série Twin Peaks, véritable phénomène au début des années 1990. Il doit ensuite aller chercher, pour des œuvres de plus en plus inclassables, des capitaux français (il est alors produit par Ciby 2000), voire polonais.


Étrangement, depuis presque vingt ans, il est le plus influent des cinéastes qui ne tournent plus, en tout cas pour le cinéma. Mais ses univers hallucinés et glaçants, où les rêves sont le plus souvent des cauchemars, ne cessent de nous hanter, dessinant de façon unique et magistrale un monde derrière notre monde.